Cagliari, du 1er au 7 septembre 2024
Le troisième camp Building DiverCity (« Construire des villes dans la diversité ») a eu lieu à Cagliari (Italie) la première semaine de septembre, après l’édition pilote de juillet 2022 et le deuxième en septembre 2023.
Cette initiative, fruit à l’origine de la coopération entre l’Eccar (la Coalition européenne des villes contre le racisme) et le Centre Simon Wiesenthal-Europe (CSW-Europe) avec l’association Verbe et Lumière-Vigilance, a été conçue sous l’égide de l’Unesco et sa Coalition internationale des villes inclusives et durables (Iccar), avec le soutien supplémentaire de l’Office italien de lutte contre la discrimination raciale (Unar), le Future Food Institute et la fondation Marchesini. Ce dernier camp a été organisé par la municipalité de Cagliari, la capitale régionale de la Sardaigne.
Un panel aussi large que varié de participants – étudiants, militants, invités institutionnels, experts et mentors – a fait le voyage depuis le monde entier : France, Italie, Royaume-Uni, États-Unis, Israël, Bulgarie, Lettonie, Hongrie, Croatie, Biélorussie, Corée du Sud, Philippines, Mongolie, Pakistan, Jordanie, Turquie, Sénégal, Égypte, Soudan, Ouganda, Comores, Mali, Kenya, Barbade, Brésil, Mexique et Uruguay... Nombre d’entre eux représentaient des minorités ethniques, culturelles et religieuses.
Ce programme de formation pour lutter contre la discrimination et la haine, tant au niveau mondial que local, comprenait des ateliers sur l’égalité des sexes, le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie, la discrimination anti-LGBTQI+... Y était révélée la manière dont les médias contribuent souvent à exacerber les préjugés et les théories du complot (de la propagande nazie à l’étude de cas rwandaise, des insultes racistes suprématistes blanches à l’application plus récente et sophistiquée de « deux poids, deux mesures », d’équivalence morale ou de renversement de responsabilité).
Lors du camp inaugural, le directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal de l’époque, Shimon Samuels, avait mis l’accent sur l’antisémitisme en tant que déclencheur d’autres formes de discrimination et sur la nécessité de renforcer la solidarité entre les victimes.
Cette année, Alex Uberti, chef de projet de CSW-Europe et consultant pour Verbe et Lumière-Vigilance, a présenté un atelier sur le thème « Déconstruire l’antisémitisme » (voir photo). Il a également énuméré « l’encyclopédie des accusations contre les Juifs » au fil des siècles, jusqu’à des exemples plus récents – en particulier sur les campus et dans les médias – après l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 et la guerre qui s’ensuit encore aujourd’hui. Ces questions préoccupaient au plus haut point les participants.
En particulier, les jeunes de confession juive – venus d’Israël, d’Italie et du Brésil – ont expliqué comment la montée de l’antisémitisme avait un impact sur leur vie et comment ils adoptaient de nouvelles formes de résilience au niveau local et à travers les réseaux sociaux.
Des lignes directrices et des antidotes ont été suggérés, tels que le renforcement de l’éducation à la tolérance, le dialogue intercommunautaire, la collecte et l’analyse de données, des principes universels et des pratiques innovantes dans les politiques locales, etc.
Bien que la semaine, intense, ait abordé des problèmes internationaux comme l’extrémisme et le sectarisme, la polarisation et les inégalités..., les jeunes, par le biais de groupes de parole ou en consultation avec leurs mentors, ont également raconté leur propre expérience de la discrimination, de l’isolement ou du rejet. Ils ont pu discuter de leur engagement à sensibiliser leurs pairs à l’échelle locale et mondiale. L’égalité des sexes, les droits civils ou le développement durable sont des défis importants dans maints pays représentés.
Parallèlement au camp DiverCity, une conférence de deux jours réunissant les quatorze villes métropolitaines italiennes a permis aux participants de rencontrer des responsables municipaux et d’aborder les défis des politiques de migration, de discrimination et d’intégration au niveau local.
Ce camp et le réseautage qui s’y est développé –avec aussi les participants aux éditions précédentes – encourageront les jeunes qui s’y sont formés à devenir des « médiateurs contre la discrimination » dans leurs villes, universités ou lieux de travail respectifs. L’Unesco envisage d’adopter le modèle de ce camp de formation pour une utilisation plus large. Avec nos partenaires, nous développons une plateforme de coordination dédiée à cet effet.