« Tout comme, hier, la Shoah est demeurée dans l’ombre des médias, les atrocités perpétrées aujourd’hui sont tout aussi invisibles. Que sont les soulèvements d’indignation devenus ? » 

 

Paris, le 11 juillet 2011 

Le Concours d’essais universitaires russes sur la Shoah s’est déroulé, pour la septième année consécutive, au siège de l’Unesco, à Paris. Plus de mille six cents candidatures sont parvenues depuis tous les pays de l’ex-Union soviétique au Centre de recherche et d’éducation sur l’Holocauste (Russian Holocaust Centre, RHC), qui coordonne cette compétition. 

Chaque année, cinq lauréats sont invités à Paris par l’association française Verbe et Lumière-Vigilance, émanation du Centre Simon Wiesenthal-Europeet sont reçus à l’Unesco. 

Sa directrice générale, Irina Bokova, a défini ce concours d’essais comme « faisant partie intégrale des efforts de l’Unesco pour la jeunesse : la création de nouveaux outils pédagogiques ». Elle a mis l’accent sur l’importance d’Israël dans son engagement pour la mémoire de la Shoah. 

Eleonora Mitrofanova, ambassadrice de Russie et présidente du Conseil exécutif de l’Unesco, a souligné « le meurtre d’État perpétré par les nazis de deux Juifs d’Europe sur trois et trois millions de prisonniers de guerre soviétiques… La particularité de ce génocide, c’est qu’il se concentrait sur l’élimination des enfants juifs ». 

Alla Gerber, députée au Parlement de Russie et présidente du RHC, a répondu sur le défi de la mémoire de la Shoah dans l’ex-Union soviétique. 

François Zimeray, conférencier d’honneur et ambassadeur de France pour les Droits de l’homme, a relevé l’abus de langage dans les commémorations de l’Holocauste « quand la Shoah n’est pas présente : quand on entend parler du ghetto de Saint-Denis et de l’Auschwitz de Gaza, on insinue que le ghetto n’était pas un ghetto et qu’Auschwitz n’était pas Auschwitz… » 

Il a qualifié cette dérive de « mensonge sémantique, de forme de déni. Aujourd’hui, l’humanité n’a jamais eu autant de moyens de transmettre la connaissance, mais tout comme, hier, la Shoah est demeurée dans l’ombre des médias, les atrocités perpétrées aujourd’hui sont tout aussi invisibles. Il n’y a aucune mobilisation générale. Que sont les soulèvements d’indignation devenus ? » 

Michel Gurfinkiel, rédacteur en chef de Valeurs actuelles, a fait sienne la nécessité formulée par Emil Fackenheim de se souvenir, à l’heure où les derniers témoins disparaissent. Il a résumé ce dilemme : « Comment transmettre l’intransmissible tout en évitant sa distorsion et son détournement ? » 

Ilya Altman, directeur du RHC, a présenté les cinq lauréats et annoncé que les trente-cinq essais sélectionnés depuis 2004 seront bientôt publiés. 

Anna Vitkina, de l’Académie classique d’État Maïmonide de Moscou, a résumé sa thèse consacrée à des enquêtes sociologiques portant sur la mémoire de la Shoah. Elle a comptabilisé de nombreux cas d’ignorance et de déni. 

Vladimir Karpov, de la faculté de droit de l’université de Novgorod, a fait des recherches sur le rôle des femmes nazies bourreaux SS dans les camps de concentration et d’extermination. 

Ekatarina Zlochevskaya, de l’Institut d’études africaines et asiatiques de l’université d’État de Moscou, s’est penchée sur la résistance juive dans les ghettos de Lituanie à travers journaux intimes et mémoires. 

Anastasia Rogova, du département d’Histoire de l’université d’État de Nizhny-Novgorod, a enquêté sur les attitudes vis-à-vis de la Shoah dans les églises, notamment dans les églises orthodoxes russes. 

Nikita Dunets, de l’université d’État biélorusse de Minsk, département des Relations internationales, a analysé la résistance juive en Biélorusse à l’appui de documents sur les frères Bielski. 

Mark Richmond, du département de l’Éducation de l’Unesco, a fait observer qu’« il ne faut pas se contenter de l’éducation sur la Shoah, mais que c’est un point de départ ». Il a mis l’accent sur l’implication de l’Unesco dans ces projets. 

Ce spécialiste de l’Unesco en enseignement de la Shoah a indiqué que « le négationnisme fait partie du langage normal et qu’il est souvent implicite par insinuation… Dans le cas des manuels scolaires, on peut aussi être dans le déni en passant la Shoah sous silence ». 

Les délégués d’Allemagne, d’Israël, de Russie et des États-Unis ont participé à cette réunion, qui était présidée par le directeur du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels. Ce dernier a résumé les débats de manière ironique par cette phrase : « Quand la Mémoire devient Histoire ». Il a remercié Graciela Samuels, conseillère diplomatique auprès de l’Unesco, d’avoir coordonné cette session stimulante, ainsi que Kendal Segre, responsable du Protocole de l’Unesco, pour ses judicieux conseils. Alexandre Kaplan, membre du conseil d’administration de Verbe et Lumière-Vigilance, a adressé ses remerciements aux personnes présentes. 

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Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco, entourée des lauréats russes et biélorusse ;
Alla Gerber, présidente du RHC et députée au Parlement de Russie ; Ilya Altman,
directeur du RHC ; Eleonora Mitrofanova, ambassadrice de Russie ; les délégués
d’Allemagne, d’Israël et des États-Unis ; les représentants de l’Unesco :
Mark Richmond, responsable de l’Éducation, Linda King, coordinatrice du programme
sur la Shoah, Graciela Samuels, conseillère diplomatique ; Shimon Samuels,
représentant de Verbe et Lumière-Vigilance.

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François Zimeray, conférencier d’honneur et ambassadeur de France
pour les Droits de l’homme, avec Mark Richmond et Graciela Samuels.

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Alla Gerber, députée au Parlement de Russie, et Eleanora Mitrofanova, ambassadrice de Russie.

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Le groupe à l’Unesco devant le Square de la tolérance, dédié à Yitzhak Rabin.