Paris, le 16 janvier 2023
80 ans après les faits, le petit-fils d’un imprimeur lyonnais a retrouvé dans le grenier de son aïeul un carton d’archives intitulé « À rendre à M. Morgenstern en cas de demande ».
Il s’est ensuivi une enquête de cinq ans qui s’est conclue par une pièce de théâtre émouvante et des retrouvailles bouleversantes.
Frédéric Moulin est comédien. C’est lui qui a fait resurgir cette histoire. Pour ce faire, il a endossé maintes casquettes, outre sa profession initiale – metteur en scène, agent artistique, documentaliste, historien, journaliste… Son objectif était de retracer le parcours de ce M. Morgenstern et de remettre le carton d’archives à ses descendants.
Avec une précision et une rigueur scientifiques, Frédéric a enquêté pour redonner vie à ces personnages depuis longtemps disparus. D’une part son grand-père Louis, qu’il n’a pas connu, de l’autre ce personnage mystérieux, inconnu de la famille Moulin (sans rapport avec Jean Moulin). Comment ces deux personnages sont-ils imbriqués ?
Jusqu’à ce jour, Frédéric ignore jusqu’à quel point son grand-père a contribué à sauver Léopold Morgenstern, « réfugié juif ex-autrichien », de la barbarie nazie. Grâce à une centaine de documents personnels et administratifs (lettres, notes, courriers, certificats médicaux, photos, permis de séjour…), l’ombre de cet homme, qui a résidé en France entre 1939 et 1942, réapparaît. Les échanges épistolaires entre celui-ci et l’administration française révèlent le calvaire qu’il a enduré, tandis que l’étau se resserrait sur lui et sa famille.
Sur scène, Sabine Moindrot devient Frédéric Moulin qui, lui, incarne divers personnages. La comédienne tente de retrouver le fil de cette histoire en lisant les documents authentiques, tandis que le comédien joue en quelque sorte l’avocat du diable en interrogeant les papiers pour préserver la vérité historique. Les deux personnages, magnifiques, évoluent dans une scénographie dépouillée qui laisse toute sa place au texte.
Bien que des zones d’ombre subsistent sur les relations entre Louis Moulin et Léopold Morgenstern – jusqu’à quel point ce dernier a-t-il échappé à la mort grâce à l’imprimeur ? –, l’enquête de Frédéric Moulin s’est achevée en apothéose lorsqu’il a retrouvé le petit-fils de Léopold Morgenstern, Robert Singer, à qui il a enfin pu remettre les fameux documents.
Voir Rendu à Monsieur Morgenstern ! - The Times of Israël (timesofisrael.com)
Sabine Moindrot et Frédéric Moulin entourent Robert Singer, venu témoigner
au studio Hébertot le 11 janvier dernier à la fin de la représentation.
L’association Verbe et Lumière-Vigilance – le département du Centre Simon Wiesenthal-Europe dédié à l'éducation et à la mémoire de l'Holocauste – soutient et encourage la programmation en France et à l’international de cette pièce de théâtre.