Cérémonie du Centre Wiesenthal et du Russian Holocaust Centre : « Six millions de raisons de tenir aujourd'hui ce concours d'essais sur la Shoah en dehors de l'Unesco. »

 

« Les représentants des deux organismes ont estimé qu'il était impossible cette année d'organiser cette cérémonie à l'Unesco et sous son égide, tant que la résolution d'avril 2016 – qui dénie les liens qu'entretiennent les Juifs avec le Mur occidental et le mont du Temple à Jérusalem – n'est pas abrogée. »

« Les délégations de l'Unesco présentes – la Russie, les États-Unis, l'Allemagne, l'Arménie et Israël – ont promis de trouver une solution pour que cette programmation unique en son genre retourne à l'Unesco. »

« Une résolution peut marquer le début des champs de la mort. »

 

Paris, le 6 juillet 2016

 

Ce concours d'essais universitaires sur la Shoah, coorganisé par le Centre Simon Wiesenthal-Europe, l'association Verbe et Lumière-Vigilance (VL-V) et le Russian Holocaust Centre (RHC), invite chaque année à Paris les cinq étudiants lauréats des pays de l'ex-Union soviétique.

La cérémonie se déroule habituellement à l'Unesco et sous son égide, mais les associations qui l'organisent – avec cette année un nouveau partenaire, Yad vaShem France – ont estimé que c'était impossible, compte tenu de la résolution adoptée en avril 2016 par le Comité exécutif de l'Unesco, qui dénie au peuple juif les liens qu'il entretient avec le Mur occidental et le mont du Temple à Jérusalem. L'événement a donc été déplacé au Mémorial de la Shoah.

La réunion a débuté dans la crypte du Mémorial, avec la prière commémorative du Kaddish récitée par le trésorier de VL-V, Édouard Fridman. Ce dernier a déclaré : « Il y a six millions de raisons de tenir aujourd'hui ce concours d'essais sur la Shoah en dehors de l'Unesco. »

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Dans la crypte.

Le baron Eric de Rothschild, président du Mémorial, a ouvert la session en félicitant les lauréats, tout en regrettant la situation actuelle avec l'Unesco.

Pierre-François Veil, président de Yad vaShem France, a rappelé le lourd tribu que les peuples soviétiques ont payé pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il a remercié le Mémorial d'avoir accueilli les participants à la place de l'Unesco.

Un ouvrage, conçu récemment par le groupe Shorashim et coédité par VL-V et le Centre Simon Wiesenthal, a ensuite été offert aux trois présidents, MM. Rothschild, Veil et Odier : Le livre de cuisine des rescapées – la cuisine gastronomique de nos grand-mères. Cette collection illustre vingt-quatre grands chefs israéliens réalisant chacun avec vingt-quatre rescapées de la Shoah leurs recettes de famille respectives – une ode à la joie de vivre.

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MM. Rothschild, Veil et Odier recevant
Le livre de cuisine des rescapées.

Les délégations de l'Unesco présentes – la Russie, les États-Unis, l'Allemagne, l'Arménie et Israël – ont promis de trouver une solution pour que cette programmation unique en son genre retourne l'an prochain à l'Unesco.

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Eric de Rothschild, président du Mémorial, entouré
des diplomates, lauréats, intervenants et membres.

Dominique Moïsi, directeur adjoint de l'Institut français des relations internationales (IFRI), a évoqué son père, l'un des quatre rescapés d'un convoi de mille déportés partis pour Auschwitz. Il a souligné « le populisme et le chauvinisme actuels... » et a ajouté : « Nous sommes assis sur un volcan. »

L'historien Shmuel Trigano a analysé les synonymes de « meurtres de masse » des Juifs tout au long de l'Histoire. Il a rappelé que dans l'Antiquité, la fin de l'État juif et des deux Temples avait été décrite comme une hurban, une destruction, faisant allusion au parallèle avec l'actuelle délégitimation d'Israël et la suppression par l'Unesco de l'identité juive.

Richard Odier, président de VL-V, a soutenu qu'« une résolution peut marquer le début des champs de la mort ».

Shimon Samuels, directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, a abordé la question du « prochain Comité du patrimoine mondial de l'Unesco, qui doit se tenir à Istanbul, comme un nouveau théâtre où l'on s'attend à voir, encore une fois, l'identité juive usurpée ».

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De gauche à droite : Alla Gerber, S. Samuels, Y. Moustaki,
chef de mission adjoint de l'ambassade d'Israël à l'Unesco.

Alla Gerber, présidente du Russian Holocaust Centre, a parlé de l'incitation à l'antisémitisme des deux côtés du conflit russo-ukrainien. Elle a expliqué qu'éduquer sur la Shoah peut servir de facteur atténuant.

Son coprésident, le Dr Ilya Altman, a discuté des milliers de participants qui ont soumis leurs essais dans l'ex-Union soviétique depuis ces douze dernières années : ils se sont sensibilisés à une meilleure compréhension de la Shoah et à ses implications contemporaines en ce qui concerne la maîtrise de l'extrémisme et la défense de la démocratie.

Cet aspect a été illustré par Déborah Lévy, étudiante à l'université de Warwick, qui a projeté un extrait de son film : Global Youth Voices for Holocaust Memory (« Des jeunes du monde entier racontent la mémoire de la Shoah »).

Le Dr Altman a présenté les lauréats, qui ont chacun exposé un résumé de leur recherche : 

- Larisa Veselova, Moscou, Russie : «L'interprétation en temps de guerre de la Shoah dans le journal de l'armée Krasnaya Zvezda (L'étoile rouge) »

- Alena Zaitseva, Bouriatie, Russie : « Les leçons oubliées de la Shoah en Bouriatie »

- Nikita Gordeev, Saratov, Russie : « Le révisionnisme historique dans la structure de l'idéologie extrémiste : ses aspects en socio-politique et en criminologie »

- Anastasiya Maksimava, Minsk, Biélorussie : « Le révisionnisme – crime ou prise de conscience du droit à la liberté de parole »

- Narek Galstyan, Erevan, Arménie : « Les Justes parmi les Nations arméniens. »

M. Samuels a conclu les débats en souhaitant que « ce programme d'essais sur la Shoah serve – en ces temps de méfiance inquiétante entre l'Occident et la Fédération de Russie – à rappeler leur alliance contre le nazisme et le fascisme qui nous menaçaient tous ».