Chisinau, Moldavie, du 11 au 17 août 2024
Le camp européen de formation des jeunes pour des villes inclusives et durables (European Youth Bootcamp for Inclusive and Sustainable Cities) s’est déroulé du 11 au 17 août dernier, organisé par la ville de Chisinau, capitale de la Moldavie.
Ce programme pilote s’est basé sur le projet Building DiverCity, élaboré en 2022 par la Coalition européenne des villes contre le racisme (Eccar) et le Centre Simon Wiesenthal-Europe (CSW-Europe) avec l’association Verbe et Lumière-Vigilance. Il était organisé sous l’égide de l’Unesco et sa Coalition internationale des villes inclusives et durables (Iccar), avec le soutien supplémentaire de l’Office italien de lutte contre la discrimination raciale (Unar), le Future Food Institute et la fondation Marchesini.
Le projet Building DiverCity a été salué par l’Unesco en tant qu’outil essentiel pour faciliter le dialogue entre jeunes du monde entier et leur mise en réseau. Ceux-ci y reçoivent une formation pour devenir des « médiateurs contre la discrimination » dans leurs villes, universités ou lieux de travail respectifs. L’Unesco a reconnu le rôle majeur de CSW-Europe et de Verbe et Lumière-Vigilance dans le soutien et l’élaboration des camps de formation, en particulier en ce qui concerne les diverses formes d’antisémitisme et leurs conséquences.
Le panel varié de participants comprenait étudiants, militants, invités institutionnels, experts et mentors. Ils étaient venus de France, d’Italie, de Moldavie, d’Ukraine, d’Allemagne, de République tchèque, du Royaume-Uni, d’Israël, de Roumanie, de Macédoine, de Turquie, de Chypre et de Macédoine du Nord... Nombre d’entre eux représentaient des minorités ethniques, culturelles et religieuses. Deux participants n’ont pas pu se rendre à Chisinau en raison de la guerre en cours au Moyen-Orient et des risques encourus dans le transport aérien.
Ce programme de formation pour lutter contre la discrimination et la haine comportait des ateliers principalement axés sur l’égalité des sexes, le racisme, l’antisémitisme, la discrimination anti-LGBTQI+... Y était révélée la manière dont les médias contribuent souvent à exacerber une propagande de haine ou des théories du complot.
Alex Uberti, chef de projet de CSW-Europe, a présenté les aspects historiques et contemporains de l’antisémitisme en tant que paradigme de la haine. Il a également exposé des données sur le judaïsme et Israël, afin de déboulonner certains des nombreux préjugés qui y sont liés : de l’histoire de l’Alya juive à l’expulsion des Juifs des pays de la région MENA dans la seconde moitié du XXe siècle, de la diversité ethnique actuelle de la société israélienne aux cas de coopération fructueuse favorisés par les accords d’Abraham.
L’attaque terroriste du 7 octobre 2023 et le conflit qui s’ensuit, ainsi que la guerre d’agression contre l’Ukraine par le régime russe actuel ont inquiété de nombreux participants. Ils ont eu l’occasion d’échanger leurs points de vue avec empathie.
De gauche à droite : Alex Uberti ; matinée partagée avec un club sportif moldave
de jeunes trisomiques ; mémorial de l’Holocauste à Chisinau.
Un moment particulièrement émouvant a été la visite du club sportif moldave Dacia Buiucani (photo ci-dessus), qui permet à plus de quatre cents jeunes moldaves atteints de trisomie 21 de pratiquer un sport. Nous avons partagé avec eux une matinée complète de jeux et de divertissements. Nous avons ainsi beaucoup appris sur la façon dont le pays fait face aux enfants et aux adultes handicapés, ainsi qu’aux personnes âgées, en particulier dans cette phase de transition historique où de nombreux jeunes gens émigrent pour chercher des emplois plus gratifiants à l’étranger.
En outre, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, avec des troupes stationnées dans la région sécessionniste de Transnistrie, constitue un danger clair et présent pour la transition de la Moldavie vers la démocratie.
La municipalité de Chisinau a invité les participants du camp de formation à visiter les mémoriaux du pogrom de 1903 contre les Juifs, du ghetto de Chisinau, de la déportation soviétique des Juifs et des intellectuels d’après-guerre, et le monument dédié aux victimes de l’Holocauste (photo ci-dessus).
L’éducation à la tolérance, le dialogue intercommunautaire, les principes universels de l’État de droit, les bonnes pratiques locales, la collecte et l’analyse de données et la modération des réseaux sociaux figuraient parmi les lignes directrices et les antidotes proposés pour lutter contre toute discrimination.