Paris, le 31 janvier 2005
Le directeur général de l’Unesco, Koïchiro Matsuura, a présidé avec Mme Simone Veil, ancienne présidente du Parlement européen, présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, la cérémonie de remise de prix du concours de recherche sur l’antisémitisme, la discrimination et la mémoire, organisé par Verbe et Lumière - Vigilance, association fondée en France en 2002 sous l’égide du Centre Simon Wiesenthal.
Les lauréats sont des jeunes provenant de Russie, d’Ukraine, d’Italie, ainsi que de la fondation Corrin et des Éclaireurs et Éclaireuses de France.
Le président du Conseil exécutif de l’Unesco, M. Hans-Heinrich Wrede, les ambassadeurs délégués permanents d’Autriche, de la Fédération de Russie, de Hongrie, d’Israël, d’Italie, de Pologne, d’Ukraine, et les représentants de la France étaient présents à cette manifestation aux côtés du directeur pour l’Europe du Centre Simon Wiesenthal, M. Shimon Samuels, et des représentants de l’association Verbe et Lumière - Vigilance. Les jeunes lauréats et des représentants des associations primées, de fondations italiennes (Olokaustos), russes (Holocaust Foundation) et françaises (Fonds Corrin) de mémoire de la Shoah participaient également à cette cérémonie, qui s’est déroulée le lundi 31 janvier au siège de l’Unesco.
« Le devoir de mémoire est également une demande de transmission qui s’adresse tout spécifiquement aux jeunes générations », a déclaré M. Matsuura, avant d’insister sur le rôle majeur que joue l’Unesco dans « ce travail pédagogique, au cœur de sa mission ». « Aujourd’hui, a-t-il déclaré, je voudrais à nouveau dire combien devoir de mémoire rime avec enseignement de l’Histoire. D’immenses témoins, parmi lesquels l’Italien Primo Levi, le Hongrois Imre Kertesz ou encore le Français Robert Antelme, ont raconté la mort à l’œuvre dans les camps. Notre hommage aux victimes, pour modeste qu’il soit, sera d’autant plus exemplaire qu’il se conjuguera à une volonté de continuer à comprendre, de connaître l’espèce humaine et de faire en sorte que l’irréparable ne se reproduise plus jamais. »
Mme Simone Veil a souhaité que « plus que de devoir de mémoire, nous parlions de devoir d’éducation ». Elle a notamment déclaré : « Aujourd’hui se pose la question de la pérennité de l’engagement pris du ‘plus jamais ça’. Sans l’éducation, nous n’arriverons pas à ce que ces événements, qui relèvent du mal absolu, servent de leçon. » A cet égard, elle a insisté sur le rôle de l’enseignement de l’Histoire et a salué l’initiative des Nations unies de commémorer le 60e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz et l’engagement réaffirmé de l’Unesco et de son directeur général en faveur de programmes éducatifs de qualité qui doivent permettre « de ne pas se tromper sur les faits, de ne pas les banaliser, afin de relayer auprès des jeunes les valeurs fondamentales de tolérance et de non discrimination ».
M. Jacques Revah, ambassadeur, délégué permanent d’Israël auprès de l’Unesco, a remercié l’Unesco de ses initiatives et actions en faveurs de la lutte contre l’intolérance et l’antisémitisme et a également insisté sur la nécessité « d’ajouter à l’action commémorative une action pédagogique ».
M. Shimon Samuels a proposé à l’Unesco de s’associer au programme international du Centre Simon Wiesenthal intitulé « Valeurs pour la vie » [‘Values for Life’], car « c’est par l’enseignement de la tolérance et des valeurs fondamentales de dignité et de respect de la vie humaine que l’on peut agir ». « Auschwitz ne doit pas être un précédent mais un avertissement », a-t-il déclaré. Il a ajouté : « Il faut insister sur la centralité de la vie pour combler le vide créé par la mondialisation en Occident, le vide post-communiste de l’Est et la confrontation avec une culture de la mort, l’enseignement de la haine et le recrutement pour le terrorisme suicide qu’offre le fondamentalisme extrémiste. »